COMMENT ENVISAGER LA REPRISE DE L’ÉCONOMIE ULTRAMARINE ?

Publié le 12/05/2020

Le déconfinement permet une reprise partielle et progressive de l’activité. En Outre-mer, les appels à la relocalisation de l’économie par un soutien de la commande publique et une promotion du tourisme se multiplient.

 

 

L’AIDE PUBLIQUE AU SECOURS DE L’ÉCONOMIE

Début avril, les sénateurs ultramarins alertaient sur « l’urgence économique en Outre-mer ». Quatre chefs d’entreprise guadeloupéens sur cinq s’inquiétaient alors de l’avenir de leur activité[1]. Depuis, l’État et les collectivités se sont mobilisés pour tenter de venir en aide aux structures les plus fragiles.

Les élus de la collectivité territoriale de Guyane ont voté la mise en place d’un fonds d’urgence de 8,7 millions d’euros ayant permis l’octroi de prêts à taux zéro, en supplément des mesures mises en place par l’État, dont le dispositif de chômage partiel, s’élevant à près de 10 millions d’euros. En Guadeloupe, le département a décidé que les agriculteurs installés sur le foncier de la collectivité n’auraient pas à s’acquitter de leur loyer cette année. En Polynésie, le gouvernement a mobilisé 30 milliards de franc CFP.

Autant d’aides qui ont pu aider les entreprises à survivre durant cette période de quasi arrêt économique. Alors que le progressif déconfinement est actuellement à l’œuvre, la reprise est dans l’esprit de tous. 

 

RELOCALISER L’ÉCONOMIE

L’ensemble des acteurs se mobilise pour un redémarrage dans les meilleures conditions. Huit entreprises néocalédoniennes sur dix affirment avoir pris des mesures spécifiques pour y parvenir[2], de l’adoption des gestes barrières à l’équipement en matériel de protection jusqu’à la poursuite du télétravail. « La reprise du travail est essentielle pour faire redémarrer les entreprises » a rappelé la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher.

Une reprise dont les contours se dessinent progressivement. La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a affirmé que la commande publique serait l’un des leviers du redémarrage de l’économie, notamment pour le secteur du BTP. C’est, a-t-elle expliqué, « le rôle de l’État. »

Se concentrer sur l’économie locale : une idée que beaucoup défendent. Certaines voix appellent à une relocalisation de la production. Le président du Conseil économique social et environnemental régional (CESER) et du Haut Conseil de la Commande publique de La Réunion, Dominique Vienne, l’affirme. Il plaide pour « l’émergence d’une souveraineté par plus d’achat local, de circuits courts et d’une économie circulaire ». 

 

PROMOUVOIR LES DESTINATIONS OUTRE-MER

Les premiers indicateurs montrent que les économies ultramarines s’en sortiraient légèrement mieux que l’ensemble de la France. Une étude[3] estime la baisse d’activité depuis le 17 mars de 27 % en Martinique et en Guadeloupe, 28 % en Guyane et à La Réunion contre 33 % au niveau national. Une baisse somme toute importante que l’isolement des territoires risquerait d’aggraver.

La continuité territoriale est une priorité du gouvernement et le secrétaire d’État chargé des transports, Jean-Baptiste Djebarri, affirme que les vols de frets ont été récemment augmentés. Côté passagers, il a confirmé qu’Air France ne supprimerait pas de vols vers l’Outre-mer à la sortie de la crise sanitaire. Plusieurs compagnies aériennes telle qu’Air Antilles ont annoncé une reprise de leur vols régionaux. Neuf compagnies ont également demandé la réouverture de l’aéroport parisien Orly le 26 juin. 

Un prélude indispensable pour la reprise du tourisme. Si 55 % des Français envisagent de ne pas partir en vacances l’été prochain, 36 % imaginent partir en France, selon un sondage IFOP publié par Le Journal du Dimanche le 10 mai. Afin de faire face à la réduction du trafic aérien, la Nouvelle-Calédonie incite les résidents au « tourisme local ». Nombreux sont les acteurs à demander la promotion du tourisme ultramarin, voire la création d’un crédit d’impôt qui permettrait aux voyageurs de se déplacer malgré le surcoût des billets d’avion.

La reprise de l’économie ultramarine devrait ainsi s’appuyer sur ses ressources propres pour un redémarrage efficace.

 

[1] Étude Qualistat en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie des îles de Guadeloupe

[2] Enquête réalisée par l’institut de sondage Quidnovi-franchise Kantar pour la cellule des acteurs économiques de Nouvelle-Calédonie

[3] Étude réalisée par le CEROM (Comptes économiques rapides pour l’Outre-mer) avec l’IEDOM (Institut d'Émission des Départements d'Outre-Mer) et l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques)

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