LA RÉUNION : CAP SUR L’ÉCONOMIE « BLEUE »

Publié le 15/05/2019

Exploiter les ressources marines pour faire décoller l’économie, dans une perspective durable ? C’est l’équation difficile que cherche à résoudre l’exécutif réunionnais. Explications.

UNE CROISSANCE SOUTENABLE GRÂCE À L’ESPACE MARITIME ?

Le poisson issu de la pêche des mers australes serait le second bien le plus exporté de La Réunion après le sucre, selon un rapport de l’Insee. Il s’agit d’un axe naturel fort de l’économie « bleue » de l’île. C’est-à-dire l’ensemble des activités liées aux ressources maritimes et côtières : tourisme, énergie marine ou encore exploitation minière des fonds marins. Mais si ces ressources existent, leur potentiel reste encore sous exploité.

De quoi susciter une réflexion globale sur la meilleure façon de « concilier la croissance issue du développement économique et la préservation de l’espace maritime », explique Didier Robert, le président de la Région. Comment atteindre cet objectif de développement durable ? Une problématique justement à l’ordre du jour de la semaine de l’Économie bleue : du 25 au 29 mars 2019, des professionnels de l’économie marine du monde entier se sont réunis pour ouvrir de nouvelles perspectives pour l’exploitation soutenable de l’Océan Indien.

 

UNE PROLONGATION DU PLAN OCÉAN METISS

La Région a profité de l’occasion pour inaugurer l’Institut Bleu. « L'Institut aura pour mission de regrouper les différents acteurs, privés et publics pour développer les activités maritimes. Nous pourrons ainsi créer des emplois et préserver au mieux nos ressources », affirme Marie-Noëlle Sinama-Valliamée, armatrice de pêche professionnelle et première présidente de cet équivalent réunionnais du Pôle Mer breton.

Cette volonté de structurer l’économie bleue s’inscrit plus largement dans le projet « Océan Métiss », lancé en mars 2018 avec le soutien de l’État et de l’Union européenne. Objectif : mieux planifier l’activité maritime du bassin sud-ouest de l’Océan Indien, en mutualisant les ressources et en tenant compte de la fragilité de l’écosystème.

Un des sujets qui mobilisera toutes les parties prenantes dans les mois à venir sera la possible installation d’un dock flottant de 120 mètres par le groupe Piriou, au Port, avec à la clé la création de 250 emplois. « La maintenance navale fait partie des secteurs à développer. Comme les recherches sur la biodiversité, les énergies renouvelables et la pêche », affirme Maurice Cérisola, président du Cluster maritime de La Réunion. Le projet doit encore être affiné pour s’intégrer au plan local d'urbanisme de la ville. 

 

DÉVELOPPER DES FORMATIONS ADAPTÉES

Développer l’économie bleue pourrait être un moyen direct d’endiguer la montée du chômage. En 2018, 24% des Réunionnais seraient à la recherche d’un emploi soit environ 149 000 personnes dont 53 000 jeunes de moins de 29 ans. Ce bilan s’est alourdi de deux points depuis 2016. Avec le développement de formations en lien avec les besoins professionnels des secteurs maritimes et côtiers, la Région espère renverser la tendance.

En collaboration avec le gouvernement, elle planche déjà sur l’ouverture d’un « lycée de la mer » dont l’enseignement serait dédié à l’apprentissage des métiers de la mer tels que la pêche ou la conduite de bateaux. Le 22 février 2019, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a annoncé la concrétisation du projet avant la fin du quinquennat. Un premier BTS lié aux métiers de la mer devrait déjà être proposé aux élèves du lycée Lepervenche en septembre prochain.

Mais cette approche ne fait pas l’unanimité. Pour Maurice Cérisola, c’est le développement de l’activité qui entraînera la création de formations adaptées et non l’inverse : « il faut promouvoir la création d’entreprises en particulier dans le domaine de l’économie maritime que ce soit pour la pêche, la maintenance navale, l’électronique, etc. Créer de l’emploi pour créer de l’activité donc nécessité de la formation, estime le président du Cluster Maritime.

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