LE FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE ULTRAMARINE EST-IL MENACÉ ?

Publié le 22/10/2020

En outre-mer, l’agriculture est un secteur essentiel de l’économie. Elle est soutenue par le POSEI, le programme européen équivalent de la PAC. À Bruxelles, les discussions sont à l’œuvre pour maintenir le budget de ce fonds d’aide sur la période 2021-2027.

 

 

POSEI : À QUOI SERT-IL ?

Le régime POSEI, pour Programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité, vise à soutenir l’agriculture des régions ultrapériphériques de l’Union européenne. Parmi les principaux territoires bénéficiaires en France figurent la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion ou encore la Guyane. 

Prenant compte des handicaps auxquels font face les régions ultra-périphériques (éloignement, climat, relief, étroitesse de marché…), cet outil permet l’octroi d’aides européennes et nationales au secteur agricole. Une stratégie qui s’intègre dans la volonté française de renforcer la souveraineté alimentaire des territoires ultramarins.

 

DE QUEL BUDGET PARLE-T-ON ?

Les crédits du Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) permettent de financer près de 280 millions d’euros pour les territoires français chaque année, qui en sont les premiers bénéficiaires devant l’Espagne et le Portugal. À cette somme peuvent s’ajouter jusqu’à 40 millions d’euros de crédits du ministère de l’Agriculture annuels, pouvant porter le total à 320 millions d’euros.

Une enveloppe qui se divise en deux principales catégories. La première vise à soutenir l’approvisionnement en atténuant les coûts, qu’il s’agisse de produits destinés à une consommation humaine ou nécessaires à la production agricole. La seconde vise à venir en appui direct à la production agricole locale. 

 

QUI BÉNÉFICIE DES FINANCEMENTS ?

Agriculteurs, commerçants, consommateurs… Nombreux sont les bénéficiaires de ce programme, l’agriculture posant à la fois la question de l’approvisionnement alimentaire et de l’emploi en outre-mer. Éloignés de la métropole, les territoires ultramarins sont de plus souvent confrontés à une concurrence régionale répondant à un niveau de normes inférieur.

Le POSEI permet tout d’abord de garantir un approvisionnement en produits agricoles frais, afin d’atténuer le handicap que représente la distance avec la métropole. Pour autant, c’est bien la production locale qui est prioritaire : assurer le développement et la diversification des filières agricoles est l’un des objectifs du programme. Afin de garantir leur pérennité, c’est enfin sur la compétitivité des filières traditionnelles que le POSEI intervient, aussi bien au niveau de la production, de la commercialisation que de la transformation des produits.

 

2021-2027 : LE BUDGET SERA-T-IL RECONDUIT ?

Malgré l’importance d’un tel dispositif, le financement du programme semble en danger. Le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, aurait en effet pris le parti d’une baisse de 4 % du budget du POSEI, ce qui représenterait une perte de 11 millions d’euros par an. Une décision étonnante alors que le précédent commissaire, Phil Hogan, s’était engagé en juin 2018 à un maintien du budget pour la période 2021-2027. 

Les chefs d’État et de gouvernement se sont pourtant accordés en juillet 2020 sur une revalorisation de la Politique agricole commune (PAC), l’équivalent du POSEI pour l’agriculture continentale. Alerté par les élus ultramarins et en parallèle d’une mobilisation des députés européens, les ministres des Outre-mer, de l’Agriculture et de l’Alimentation ainsi que le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes ont interpellé la Commission à ce sujet. 

 

« Le budget sera-t-il maintenu en l’état ? Les ministres de l’Agriculture réunis en Conseil les 19 et 20 octobre ne semblent pas parvenus à un accord. Le chemin législatif du texte n’est cependant pas terminé, et les discussions continueront dans les semaines à venir entre la Commission, le Parlement et le Conseil… »

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