L’INTÉGRATION RÉGIONALE DE L’OUTRE-MER : UN DÉFI D’AVENIR

Publié le 31/08/2017

L’idée d’un « visa outre-mer » émise par le ministère des Outre-mer va dans la direction d’une plus grande intégration régionale des territoires ultramarins. Cette vision, de plus en plus développée, amène à reconsidérer les enjeux régionaux. Retour sur une approche en mutation.

 

UN MANQUE D'INTÉGRATION IMPORTANT

Les territoires ultramarins font face à une complexité d’appartenance. Les DROM-COM font partie de la République Française et sont une continuité de l’espace national. L’appartenance de la France à l’Union Européenne, dont l’histoire a constamment œuvré en faveur de la décolonisation, font des RUP (Régions ultrapériphériques, selon la nomenclature européenne) des territoires pleinement européens.

Cependant, la singularité de ces espaces repose sur leurs situations géographiques. Qu’ils soient insulaires ou éloignés, ils appartiennent à des espaces régionaux, partageant parfois histoire, culture ou langue. Malgré l’aspect géographique, la métropole reste leur premier partenaire commercial. En 2015, les échanges entre la Réunion et les îles de l’Océan Indien ne représentaient par exemple que 1,15% des importations et 7% des exportations de l’île.

Malgré un encouragement au commerce régional, la concurrence reste forte dans des secteurs clés comme le tourisme. Pourtant, les espaces français ont des atouts à faire valoir, avec des pôles de qualité tels que leurs aéroports, leurs infrastructures ou leurs universités. Leurs populations jeunes sont un avantage pour le commerce mondialisé et les flux aussi bien commerciaux qu’humains. Raison pour laquelle la ministre des Outre-mer a récemment exprimé le souhait de voir se développement un « Erasmus régional ».

 

LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : UN GUIDE NÉCESSAIRE

En voulant « penser les outre-mer dans leur environnement régional » et les « politiques régionales en fonction [des] outre-mer », la ministre des Outre-mer entend accorder davantage de spécificités dans la gestion de ces territoires. Elle a ainsi pu se dire favorable à la création d’un « visa outre-mer à destination des ressortissants des pays voisins ». Ces échanges pourraient être favorables aux enjeux économiques et de formation professionnelle ou encore aider au regroupement familial, tout en contrôlant les migrations.

Malgré l’unicité de la République française, le principe de subsidiarité, corolaire de la décentralisation et de la communautarisation européenne guide le développement des territoires ultramarins. Il vise à permettre de prendre les décisions par les entités les plus proches des citoyens. En l’occurrence, les DROM (départements et régions d’outre-mer) sont considérées comme les plus à même de s’intégrer à leur propre environnement régional, qu’il s’agisse des Caraïbes pour la Guadeloupe et la Martinique, de l’Amérique du Sud pour la Guyane ou de l’Océan indien pour la Réunion et dans une autre mesure, Mayotte.

La subsidiarité a pour vocation de mieux appréhender les frontières et les échanges grâce à la conclusion d’accords bilatéraux ou multilatéraux soumis à accord des autorités républicaines.

 

« UN CO-DÉVELOPPEMENT MUTUEL PROFITABLE »

Si le développement des territoires voisins aux espaces ultramarins occupe une importance particulière, c’est notamment car nombre d’entre eux sont des pays en développement. À certains de considérer ces espaces comme des atouts pour la France lui permettant une présence dans le monde entier, à d’autres de surtout y voir de nombreuses opportunités pour les territoires concernés.

En 2016, chargé d’un rapport par le Gouvernement, le député Jean-Jacques VLODY tirait une analyse de cette intégration régionale en la présentant comme un « co-développement mutuellement profitable ». Si les échanges historiquement récents ont été sportifs et associatifs, les DROM ont, culturellement et économique, beaucoup à échanger avec leurs voisins. Ainsi, l’Agence Française de développement, institution contribuant à mettre en œuvre les politiques gouvernementales en luttant contre la pauvreté, participe au financement de l’économie ultramarine. L’AFD préconise un raisonnement par bassin géographique pour que les difficultés des économies voisines ne rejaillissent par sur les territoires d’outre-mer.

En somme, un intérêt de taille pour l’intérêt régional et une vision d’avenir dans l’approche des futurs défis, déjà aux frontières des bassins ultramarins.

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