NOUVELLE-CALÉDONIE : COMMENT ENVISAGER LA SUITE ?

Publié le 08/10/2020

« Le jour le plus important, ce n’est pas le référendum, c’est le lendemain » expliquait l’indépendantiste Jean-Marie Tjibaou en 1988. Alors que le « non » l’a emporté pour la deuxième fois, la Nouvelle-Calédonie s’interroge sur les conséquences de cette consultation et sur son avenir.

 

Des partisans de l’indépendance brandissent le drapeau du FLNKS, le 4 octobre, à Nouméa. THEO ROUBY / AFP

 
LES ENSEIGNEMENTS DU SCRUTIN DU 4 OCTOBRE 2020

Le « non » à l’indépendance l’a emporté une nouvelle fois. 53,26 % des électeurs qui se sont déplacés ont voté pour un maintien dans la République française de la Nouvelle-Calédonie. L’exceptionnelle participation (85,64 % des inscrits) explique en partie la progression de 3 points du « oui » par rapport au scrutin de 2018.

Un scrutin qui témoigne de nombreuses disparités, dans un territoire où 38 % des habitants se définissent comme « Kanaks » et seulement 7 % comme « Calédoniens ». Géographiquement, la répartition des votes confirme cette tendance. Aux responsables politiques de signaler que les tensions politiques ont également été plus vives qu’il y a deux ans, dénonçant même une campagne « trop agressive ».   

 

UN 3E VOTE… OU UNE 3E VOIE ?

Pour autant, un troisième référendum est encore possible. L’accord de Nouméa signé en 1998 le prévoyait : si un tiers des élus du Congrès le demande, à savoir 18 d’entre eux, une dernière consultation pourra être organisée. Elle signerait la fin de ce processus engagé il y a plus de 30 ans. Une option qui pourrait ne pas être activée. « Cette question binaire entre le oui et le non […] ne répond pas à toutes les questions que se pose aujourd’hui la société calédonienne » a ainsi commenté le ministre des Outre-mer.

Des voix s’élèvent pour envisager une alternative : celle d’un nouveau projet de société. Partant du constat que les référendums de 2018 et de 2020 ont davantage divisé que rassemblé la société calédonienne, de nombreux responsables politiques, principalement loyalistes, appellent à ce que le scrutin du 4 octobre soit le dernier, et proposent de réfléchir dès à présent à un projet commun favorisant le « vivre-ensemble » calédonien.

 

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE QUI APPELLE À UNE PRÉSENCE FRANÇAISE

Les indépendantistes ont largement reproché son absence à l’État durant cette campagne. Disposition d’impartialité de l’accord de Nouméa oblige, répond le ministre des Outre-mer. Le camp du « oui » affirme cependant que la Nouvelle-Calédonie est apte à devenir indépendante, y compris économiquement. Ses défenseurs espèrent compenser la perte des transferts de l’État par d’hypothétiques aides au développement.

Les loyalistes prônent pour cette raison économique un maintien dans la République. Ils considèrent en effet qu’une indépendance les exposerait à l’influence de puissances étrangères, à commencer par la Chine. S’ils affirment que le Caillou n’est financièrement pas prêt pour l’indépendance, ils rappellent également que la parité fixe entre le franc pacifique et l’euro permet d’expliquer la solidité de l’économie calédonienne, comparativement à celles de ses proches voisins.

 

IMAGINER UN NOUVEL AVENIR EN COMMUN

« L’avenir, c’est la dernière étape de l’accord de Nouméa » a rappelé le Président de la République. Alors que la fin de l’accord se profile, qu’un troisième référendum se tienne ou non, les autorités publiques et politiques doivent envisager dès aujourd’hui l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Une nouvelle formule doit d’ores et déjà être discutée afin d’envisager la place du territoire et de ses habitants dans la République.

Un processus qui servira d’exemple à une nouvelle décentralisation. Le scrutin du 4 octobre intervient en effet alors que les discussions sont à l’œuvre autour du projet de loi 3D « décentralisation, différenciation et déconcentration ». L’exemple calédonien pourra, sinon servir d’exemple, s’inscrire dans la définition de cette nouvelle relation à venir entre l’État et ses territoires dans leur diversité.

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