RÉPONDRE À L’URGENCE ÉCONOMIQUE EN OUTRE-MER

Publié le 23/07/2020


La délégation des Outre-mer du Sénat a mené une étude sur les effets économiques de la crise sanitaire. Face à l’inquiétude, les parlementaires ont formulé 58 propositions. L’objectif : permettre aux économies ultramarines de rebondir et d’anticiper de nouvelles crises.
 

Crédits photos : outremers360.com

 

DES PERTES D’ACTIVITÉ SANS PRÉCÉDENT

Les sénateurs souhaitaient « assurer le suivi et l’adaptation des mesures d’urgences mises en place ». Pour y parvenir, ils ont tenté d’identifier les secteurs les plus impactés grâce à un grand nombre d’auditions et de cibler ceux qui seraient indispensables à une relance économique ultramarine rapide. Pour cause : ils estiment les « pertes instantanées d’activité » à 30 % pour l’ensemble des Outre-mer. 

Sans diagnostic, impossible cependant d’apporter le bon remède. Les rapporteurs de la délégation préconisent donc de généraliser les études économiques d’impacts afin d’apporter les réponses les mieux adaptées aux différents territoires. Ils jugent les dispositifs déjà mis en place par l’État nécessaires mais insuffisants, et proposent par exemple « d’annuler les dettes sociales sur l’année 2020 des entreprises des secteurs les plus fragiles. »

Les parlementaires n’envisagent pas de reprise ultramarine sans renforcement des institutions. Ils soulignent la mobilisation des collectivités dans cette crise, néanmoins « entravées financièrement », et préconisent de faire des contrats de convergence, ces outils de rattrapage signés en 2019, des instruments centraux de cette relance. Du côté sanitaire, les territoires ultramarins doivent gagner en autonomie pour résister aux prochaines crises.

 

TERRITORIALISER LA RELANCE

Le secteur touristique doit être une priorité de la relance selon les sénateurs. De nombreuses économies ultramarines en dépendent et ont pâtit de l’arrêt du trafic aérien. Le Sénat invite donc à accompagner le secteur dans sa mutation. La promotion du tourisme local et régional doit être une priorité, tout comme le soutien aux compagnies aériennes desservant les Outre-mer, notamment en veillant à « la modération tarifaire des billets d’avion ».

La relance ne doit cependant pas faire fi des précautions sanitaires et les parlementaires le rappellent.Ils souhaitent que chaque territoire ne soit pas soumis aux mêmes protocoles sanitaires en fonction de leurs situations locales et envisagent la création d’un tourisme adapté. La solution : la création de bulles régionales entre les différents territoires préservés par l’épidémie, à l’image de l’espace de voyage envisagé entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics est également l’un des plus impactés, raison pour laquelle la délégation préconise la prise en charge des surcoûts qui lui ont été imposés, de même qu’une inscription du BTP dans les secteurs de « compétitivité renforcée ». La facilitation de passation des marchés est également envisagée, tout comme l’accélération du Plan logement outre-mer 2019-2022. Objectif : « entrer dès septembre 2020 en phase opérationnelle ». 

 

DES ÉCONOMIES RÉSILIENTES POUR DEMAIN

Malgré la crise, les sénateurs ont le regard tourné vers l’avenir et souhaitent « construire un modèle de développement plus résilient » afin que les territoires ultramarins soient davantage armés face aux éventuelles futures crises. Le premier volet de ce plan serait d’atteindre l’autonomie alimentaire des territoires, un objectif fixé par le président de la République à 2030. Le soutien aux initiatives « rapprochant le consommateur du producteur » doit être central.

L’avenir des outre-mer ne pourra en outre pas faire l’économie du numérique. Les sénateurs rappellent le potentiel de création d’emplois qu’il représente. L’extension de la couverture mobile et le déploiement du très haut débit est cependant un préalable indispensable. Plus largement, ce sont toutes les infrastructures de réseau qui doivent faire l’objet d’une attention particulière, qu’il s’agisse de l’eau ou encore des routes. Enfin, les parlementaires rappellent l’importance de l’intégration régionale et d’une meilleure mobilisation des fonds européens. 

 

Ce rapport d’information et ses nombreuses propositions menées suite aux échanges avec les tissus économiques locaux pourront servir de support au nouveau ministre, Sébastien Lecornu. Le président de la délégation des Outre-mer du Sénat, Michel Magras, sénateur de Saint-Barthélemy a appelé de ses vœux qu’il serve « de base à la politique du nouveau gouvernement, pour le plan de relance économique dans les Outre-mer ».

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