UN AN DE PRÉSIDENCE POUR EMMANUEL MACRON : QUEL BILAN CONCERNANT SA POLITIQUE D’OUTRE-MER ?

Publié le 15/05/2018

Après un an de présidence d’Emmanuel Macron, Profina a souhaité s’interroger sur les relations qu’entretient ce dernier avec l’outre-mer. Entre les manifestations de Mayotte et le référendum prochain sur l’indépendance de la nouvelle Calédonie, quelles ont été les mesures prises et mises en place par le Président de la République, et que va-t-il se passer dans les prochaines années ?

 

DES CRISES INDÉNIABLES À GÉRER

 

Force est de constater que des tensions sont apparues au sein des territoires d’outre-mer, notamment concernant Mayotte, et les solutions proposées ont été perçues comme vaporeuses et illusoires. En effet, la visite éclaire de la ministre Annick Girardin, déjà rentrée en métropole au terme d’un « accord » mort-né, est le dernier avatar d’un pouvoir qui n’a pas pris la mesure du mécontentement social. En réponse aux barrages qui se poursuivent, il opposait hier une opération de contrôle d’identité, à la chasse aux clandestins au nord de Mamoudzou, alors que ce n’est qu’un volet de la contestation.

 

Ainsi, en est-il de même avec le référendum concernant l’indépendance ? Cette mesure prévue au titre XIII de la Constitution aura lieu le 4 novembre prochain et si, selon les sondages, une majorité se prononce contre l’indépendance, le Président Emmanuel Macron aura tout de même à gérer avec diplomatie le résultat de ce référendum. Car d’après un sondage I-Scope, la question posée par les sondeurs est la même que celle qui sera posée aux Calédoniens le 4 novembre prochain : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » 59,7% des personnes interrogées ont répondu « non », alors que le « oui » ne récolte que 22,5% des suffrages. Les autres personnes interrogées (17,8%) préfèrent ne pas se prononcer, pour le moment. L’Etat devra néanmoins œuvrer pour une meilleure entente - tant avec la Nouvelle Calédonie qu’avec les autres territoires d’Outre-mer - afin de ne laisser aucune personne concernée mécontente.

 

UNE AIDE APPORTÉE À L’ÉCONOMIE LOCALE

 

Pilier de l’économie locale, les entreprises d’Outre-mer ont reçu de la part de l’État des aides diverses. Lors du grand mouvement social du printemps 2017 en Guyane, marqué là aussi par des barrages, pour réclamer un « rattrapage » multisectoriel de la Guyane par rapport à l’Hexagone, François Hollande, dans son quinquennat finissant, avait finalement accepté un plan qu’il n’aurait pas à mettre en œuvre. En voyage officiel à Cayenne, Emmanuel Macron, en octobre dernier, s’était engagé à tenir la parole de l’État, sous la forme des 30 mesures du plan d’urgence adopté en avril par le précédent gouvernement, et de 164 mesures sectorielles. Ces engagements, initialement chiffrés à 1 milliard d’euros, ont bénéficié aux entreprises locales. Quelque 8,5 millions d’euros d’aides pour 16 500 postes salariés ont été versés aux entreprises gênées par les barrages routiers, selon Michel-Henri Mattera, directeur régional représentant le ministère. De même comme expliqué précédemment dans un autre article Profina, une aide économique avait été apportée aux entreprises de La Réunion touchées par Berguitta.

Si l’économie locale est appuyée par le gouvernement français afin de combler le vide séparant la métropole des territoires ultramarins, il est, cependant, également nécessaire pour l’état d’écouter les revendications sociales des ressortissants, chose qui, pour l’instant ne semble pas ressortir de ce bilan.

 

 

CE QUI EST PRÉVU POUR LES PROCHAINES ANNÉES

 

Les préoccupations sociales de l’Outre-mer sont justement au cœur du programme d’Emmanuel Macron et sont en cours de mise en place. Le livre bleu des outre-mer, qui doit servir de "guide" des actions à mener dans les Outre-mer durant le quinquennat d'Emmanuel Macron, sera remis "la dernière semaine de juin" au Président de la République, a annoncé fin avril la ministre Annick Girardin. Ce livre bleu sera issu des assises des outre-mer, grande consultation par internet et dans les territoires ultramarins, lancées début octobre 2017. Au total, "25.000 citoyens ont participé aux différentes consultations et près de 2.000 projets nous sont parvenus" a précisé la ministre. "Un certain nombre de ces projets figurera dans le Livre bleu outre-mer et les mesures seront déployées à court, moyen et long termes tout au long du quinquennat", a-t-elle rappelé. "Des indicateurs simples et accessibles" évalueront l'avancée des mesures contenues dans le Livre bleu. Même si "tous les projets ne seront pas mis en œuvre", "l'ensemble d'entre eux, du simple au plus complexe, du plus modeste au plus ambitieux, du plus classique au plus original seront consultables sur le site des assises", a-t-elle promis.

Les projets non retenus seront "mis à la disposition du public, des entrepreneurs des élus, de la société civile".

Est également prévu 1 milliard d’euros sur 5 ans pour le financement des investissements collectifs des territoires ultra-marins, dans le cadre du plan d’investissement. Ces ressources seront affectées au financement des plans de rattrapage et de développement, construits dans chaque territoire avec les élus locaux, avec pour but également de développer les secteurs qui font la force de l’Outre-mer.


 

Ainsi, si une main est en effet tendue par le gouvernement envers l’Outre-mer, beaucoup de choses sont encore à faire, notamment du point de vue social.

 

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